Domaine des Sidjéno - LOUPS (RR)
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Forum en rapport avec le MMORPG Les Royaumes Renaissants. Il s'agit du domaine de la famille Sidjéno.
 
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 [RP] Une porte mal choisie.

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Khaleb
Loup
Messages : 5
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MessageSujet: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 19:22

Un ciel froid, d'un gris clair sans intérêt, surplombait Rennes alors que l'après-midi s'estompait pour laisser place au soir. Étonnante situation, il ne pleuvait même pas - alors qu'on était en Bretagne ! Tandis que la nuit d'hiver allait vite tomber, les passants rentraient chez eux, les rues et ruelles se désemplissaient peu à peu, laissant place aux claquements de bottes de la milice qui passait, aux claquements de portes des échoppes qui fermaient et au claquement de langue du cocher qui partait vers le sud avec ses derniers voyageurs de la journée.

Les dernières lueurs du jour se reflétaient dans les yeux gris sombre de l'homme tapi là, derrière ce tonneau de bois vide, silencieux au possible. Ils scrutaient la dernière boutique de la rue encore ouverte, un marchand d'armes aux produits plus beaux et plus luxueux les uns que les autres. Des pierreries incrustées par-ci, des lames solides et ciselées par là, tout ce qui pouvait faire briller les yeux d'un brigand en manque. Il avait remarqué en s'y arrêtant plusieurs fois que le commerçant fermait plus tard que les autres, sans véritablement savoir pourquoi. Il avait cru deviner que ses meilleurs clients venaient tard afin de ne pas être reconnus ou dérangés. Et puis, de toute façon, ce n'était pas ses affaires, ce qui l'intéressait réellement était présenté sur l'étal comme le produit phare de ce début d'année.
La lame sus-décrite semblait envoyer à tous ceux qui souhaitaient l'admirer son éclat et ses reflets bleutés comme signes de bienvenue. Sa garde était fuselée, sa poignée pratique et son pommeau scintillait d'une petite pierre bleue taillée en lune que le voleur passé et futur identifia comme un saphir. Elle semblait lui tendre les bras et l'appeler pour qu'il vienne la chercher. Le dernier argument - et pas des moins convaincants - était le fourreau de l'arme, d'un noir mat, embelli d'une fine ligne de cuir qui parcourait l'un des côtés.
Bref, le voleur était amoureux.

Il fallait tenter le tout pour le tout afin de s'en emparer. Le marchand allait bientôt fermer boutique car il commençait à ranger quelques babioles dans ses caisses de bois tout en conseillant un dernier client sur une série de haches neuves et d'occasion. L'observateur se concentra un instant, les yeux rivés sur son objectif : son futur butin, si tout se passait comme il l'avait prévu. Un coup d’œil à droite ; personne dans la rue. Un coup d’œil à gauche ; rien à signaler de plus. L'adrénaline montait. Son coeur battait la chamade. Il était excité à l'idée de réussir, et anxieux à l'idée de se faire attraper : avoir une main coupée n'était pas quelque chose qui a priori le séduisait. Un dernier sourire en coin pour s'encourager, et...

Il s'élança : il contourna de façon souple le tonneau, courut de son pas le plus léger mais aussi le plus rapide vers l'étal, s'empara du fourreau de la main gauche et de la poignée de l'épée avec la main droite. Et il courut, fauchant au passage la montagne d'immondices qu'il n'avait pas vue lors du repérage et qu'un jeune garçon essayait de construire tant bien que mal et le plus haut possible. L'oeuvre s'étala à terre dans un fracas assourdissant, faisant pleurer l'enfant et alertant le marchand, qui jusque là avait été trop occupé pour s'apercevoir de la supercherie. Le voleur courut dans la première ruelle qu'il trouva, tandis qu'il entendait au loin les cris du marchand :


"Au voleur ! Au voleur ! A moi, la milice !"

Les bruits de pas empressés de la milice ne tardèrent pas à suivre pendant qu'il courrait toujours à perdre haleine. Il emprunta un nouveau passage sur sa droite, puis encore un autre, un peu plus loin sur sa gauche. Il s'arrêta un instant dans l'encadrure profonde d'une vieille porte condamnée et écouta si l'on venait à sa suite. Hélas, les bruits de poursuite ne tardèrent pas à reprendre et il préféra ne pas rester là.
Tenant toujours le butin dans ses deux mains, il s'engouffra sous une arche de pierre et continua sa course. Mais, fatiguant peu à peu, il dut s'arrêter encore un moment pour reprendre son souffle. Profitant de ces quelques minutes de répit qu'il s'octroyait, il rangea la belle épée dans son fourreau afin d'avoir plus de liberté, mais la garda dans ses mains, ne l'attachant pas de suite à sa ceinture au cas où on l'attraperait. Parfois, il valait mieux abandonner son butin pour sauver sa vie et non pas le contraire.

Soudain, alors qu'il pensait que la milice était partie dans une mauvaise direction, ou que tout simplement elle l'avait déjà abandonné - ce qui l'aurait quand même surpris -, il entendit un bruit de course précipitée. Jetant un œil derrière lui, il s'aperçut que deux gardes s'étaient séparés de la troupe et étaient bien là, à ses trousses, à quelques mètres de lui. Sûr qu'ils l'avaient reconnu, notamment à l'épée qu'il avait dans les mains, il s'élança de nouveau, son souffle retrouvé, et reprit son dédale infernal dans les ruelles rennaises de plus en plus sombres. Au fur et à mesure, ses poursuivants se rapprochaient, sûrement mieux entraînés et plus frais que lui. Il avaient en plus l'appât de la prime promise par le riche marchand.
Mais lui n'allait pas se laisser abattre aussi facilement. Il avait d'autres cordes à son arc, le brigand ! Avisant une nouvelle ruelle a l'air mal famé, il s'y engouffra et choisit au hasard une porte où entrer. Cela avait l'air d'une vieille taverne mal entretenue, glauque au possible, mais les miliciens évitaient en général d'entrer dans ce genre de fourbi, ce qui faisait une planque intéressante pour le brun.
Alors qu'il frappait de façon très pressée à la porte, elle s'entrouvrit et il rentra à l'intérieur, dans une entrée aussi sombre que le dehors, mauvaisement accueilli par un homme qui refusa de le laisser aller plus loin. La porte n'était pas encore fermée et les miliciens, s'ils passaient devant, ne pourraient que le cueillir !


"S'il vous plaît, implora-t-il, laissez-moi entrer ! De toute urgence, je dois me cacher de la milice !"

Cachant discrètement son butin dans l'ombre derrière lui, il demanda pitié du regard au gardien de la porte, son dernier obstacle à franchir avant le salut. Enfin, c'est ce qu'il croyait.
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Lemerco
Invité
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MessageSujet: Re: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 19:24

Le ciel est gris, la vie est rose, l'espoir est vert, mais cette palette de couleurs est bientôt submergée de noir phagocytant tout, hormis le dégradé de rouge, orange et jaune des flammes dégageant ce halo de lumière rebelle, insoumis, violant de façon éhontée et sans vergogne l'obscurité d'une voûte céleste de nuit emmitouflée dans un manteau nuageux sans ouverture. La foule diurne des paysans, mineurs, artisans et notables, nobles et gueux qui fourmillent dans les artères de la cité rennaise cèdent inexorablement sa place à une population nocturne tout aussi hétéroclite; des badauds, soiffards, ivrognes désireux d'épancher leur soif, gredins, malandrins, brigands de la pire espèce comptant leurs larcins et complotant dans les recoins les plus sombres, dressant les plans de leurs futurs forfaits, des gentilshommes et malotrus unis dans la cause commune éminemment universelle qu'est le sexe et sa consommation auprès de femmes de tous bords et de tous horizons, à la recherche d'écus, sinon de plaisir. Il est amusant d'assister à cette mutation, celle d'une bête bruyante et imposante, dont l'objectif prépondérant est d'accumuler des richesses, en un monstre digne du Sans-Nom, au pelage sentant le péché et la débauche, qui vise essentiellement la dépense facile et excessive de ce qu'on a gagné durement le jour.

C'est dans cet univers que Lemerco évolue. Marquis le jour, voyou la nuit, depuis la mort de feue son épouse, sa vie est une succession de jours et de nuits entrecoupées de quelques heures de sommeil, trop courtes pour un être à l'esprit agité, trop remplies pour un homme consciencieux. Moins on a besoin de dormir, plus les journées sont longues, plus de temps cela donne à l'être faillible de fauter. Il est à la fois toute cette faune laissant son empreinte dans la jungle citadine, et rien, une ombre qui passe d'un établissement à l'autre, si tant est qu'une ombre puisse accomplir des actions demandant un semblant de matière, de substance concrète. Rares étaient les nuits au cours desquelles il dérogeait à ses occupations habituelles, un arsouille est comme un ours, il va toujours droit vers le pot de miel, et seule une embûche de taille peut dérober la divine cruche à ses pattes griffeuses. Cette nuit n'en était pas une. Aux chiffres de la comptabilité ducale succédèrent le nombre des choppes de bières et de chouchen des additions, toujours honorées, même bourré, car si l'ours ne dira jamais qu'il est riche, il sortira toujours de son escarcelle la monnaie requise pour honorer ses dettes.

Après avoir visité deux tavernes, l'une assez populaire, l'autre vraiment malfamée, l'homme au teint rougi par l'alcool et titubant quelque peu sortit avec ses compagnons et alcoolytes prendre l'air, profitant de la douceur exceptionnelle de ces nuits hivernales atypique pour la saison. Ils arpentèrent les rues pittoresques encadrées d'édifices déjà vieux de deux siècles, des bouteilles achetées auparavant dans les mains, entrecoupant leurs chansons grivoises entonnées en choeur de rasades quantitativement considérables, troublant ainsi le silence de plomb régnant dans la cité endormie par cette cohorte de sons résonnant. Au bruit mélodieux et harmonieux des voix rauques et graves chantant la gloire d'une prostituée ayant attrapé toutes les maladies connues de l'époque, vinrent se greffer le chahut de la milice locale, dont les hommes armés la composant semblaient en état d'alerte, à la recherche d'une ou plusieurs personnes. Rapidement les groupes se croisèrent une première fois, non sans grabuge, car si le Marquis a ses titres de noblesses, sa bonne conduite s'évanouit volubilement avec les vapeurs d'alcool et ne revient s'écraser qu'avec la gueule de bois accoutumée. Aussi les rires et cris - de joie car si certains ont l'alcool joyeux, Lem l'a le plus souvent euphorique - s'élevèrent, distrayant la soldatesque l'espace d'un moment.


Comment cela des voleurs! C'est pas moi qu'ai volé la culotte de la mairesse Wolback!

Non mais votre magni...

Camarades, trouvons ces odieux faquins en premier! Et nous le forcerons à me rendre ce qu'on m'a volé! Ce qu'ils ont volé!


En plus de devenir euphorique, il imagine surtout bien des choses. Et c'est un pas déterminé qui le porte, emboité par ses comparses, une fois les groupes séparés. Malheureusement il fit chou blanc, et, la mort dans l'âme, il se résolut à se rendre au seul endroit qui lui apporterait réconfort et... réconfort! Chose étrange, les portes normalement closes étaient ouvertes, deux gardes qu'ils avaient croisés auparavant courraient dans la rue à grandes enjambées, et d'étranges suppliques parvenaient de l'intérieur de l'édifice. L'ours dolois était bête, mais intelligent, et un éclair de lucidité noyé dans un océan éthylique lui mit la puce à l'oreille instantanément. Loin d'imaginer que le voleur de culotte se trouvait à l'intérieur, il imaginait aisément que le tenancier avait des soucis, que la milice allait intervenir, que les filles ne seraient pas disposées du coup, et qu'il devrait repartir, et c'est le cas de le dire, la queue entre les jambes en quête d'un autre établissement...

Et cela le contrariait plus que de raison.


Aller les gars, tous en choeur!

YO-HO YO-HO UNE FILLE DE JOIE POUR MOI!


Les uns après les autres, les membres de la compagnie pénétrèrent la maisonnée, en queue de peloton l'ours qui fut rapidement rejoint par les miliciens. Ces derniers voulaient entrer, mais se heurtèrent au rempart ursidé, bien décidé à éloigner ces gêneurs qui allaient gâcher son plaisir.

Rebonsoir monsieur le Marquis, nous devons inspecter...

Va inspecter le cul de ton supérieur, je te fournis la torche et la longue vue édition limitée Longjohnsilver s'il faut, mais tu dégages, tu me gâcheras pas ma soirée *hips* Satané hoquet...

C'est au sujet du vol...

Rien du tout, le seul vol, là, c'est toi avec mon plaisir, alors déguerpis avant que je fasse de toi le collecteur de purin officiel de la mairie.

Mais...

Mais quoi? tu veux te battre? C'est ca?

Non... bon on repassera plus tard.


C'est ca, ouste!


La tête pivota, les jambes se meurent, le corps avança, les bras refermèrent la porte, et bientôt la foule remplit l'entrée, devant le portier et un homme qui semblait... se pisser dessus?

Eh le Gros Youen! Des femmes pour tout le monde! Et de la gnôle, j'ai grand soif.

Il est avec toi celui -là?


Lemerco plissa les yeux pour mieux voir, une moue se dessina sur sa bouche, il ne le connaissait pas.

Non... mais s'il vient consommer, je l'invite! Il a une bonne tête de puceau et c'est toujours marrant de les voir se faire dessus la première fois!

Lemerco sourit et plaça une grosse paluche poilue sur l'épaule de l'homme, autant par sympathie que par peur de se vautrer parterre.


Aller mon grand, tu les préfères comment? Rousses? Blondes? avec une grosse paire? Dis-moi tout mon bichon, et en route!
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Khaleb
Loup
Messages : 5
Date d'inscription : 22/08/2012
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MessageSujet: Re: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 19:25

Alors que l'homme refusait toujours de le laisser passer, Khaleb vit entrer toute une tripotée de gens, uniquement des hommes et majoritairement bien éméchés, qui n'avaient pas l'air si honnête que ça malgré les vêtements de très bonne facture que certaines portaient. Il y avait là toutes sortes de loubards, à commencer par un qui avait l'air borgne, l'autre à qui il manquait une partie des dents, des jeunes, des moins jeunes, des ouvriers, des plus lettrés, des maris vus plus tôt dans la journée au bras de leur dame et qui voulaient changer de cuisses le soir. Ceux qui arrivaient en dernier semblaient un petit peu plus calmes que les autres devant - mais peut-être n'était-ce qu'un faux semblant -, sauf le dernier. Celui-là semblait posséder une bien grande gueule, à chanter tel un ivrogne des chansons aux paroles peu recommandées pour les oreilles des jeunes garçons, et à insulter la milice comme s'il en était le propre chef. Soit c'était quelqu'un qui avait du pouvoir, soit il était plutôt du genre téméraire.
Cependant, si notre voleur n'appréciait pas au premier regard le marquis dépenaillé qui se tenait là, dans l'encadrure de la porte qu'il ferma ensuite, il fut agréablement surpris de voir qu'il renvoyait sans ménage les deux miliciens. Caché derrière le gros Youen - vu qu'il s'appelait comme ça -, Khaleb était passé inaperçu de ses poursuivants, et c'était là une des meilleurs nouvelles de la soirée. Restait à présent à patienter une heure ou deux dans ce lieu mal famé, le temps que la capitale bretonne s'endorme pour de bon et devienne silencieuse, puis il pourrait rentrer chez lui et planquer son beau butin jusqu'à son prochain voyage.

Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est qu'étant inconnu au bataillon, il n'avait pas vraiment le droit d'entrée nécessaire à tout client qui se respectait ici, et que Youen allait le mettre à la porte illico presto quand il allait se souvenir de la présence du brun aux yeux gris. Ce qui ne tarda pas.


"Il est avec toi celui-là ?" avait-il demandé au chef de la bande, qui examina tant bien que mal le voleur.

Et pour la deuxième fois de la soirée, la chance sourit à Khaleb : il se faisait inviter pour consommer, ce qui lui donnait donc le droit d'entrer, et ça, c'était pas tous les jours. L'homme parla brièvement avec le portier sans que le jeune homme, rendu sourd par le brouhaha du groupe, ne sembla capter quoi que ce soit. La main du breton s'arrêta sur l'épaule du voleur et il lui demanda, tout en titubant un peu :


"Allez, mon grand, tu les préfères comment ? Rousses ? Blondes ? Avec une grosse paire ? Dis-moi tout mon bichon, et en route !"

Ah, voilà une bonne nouvelle ! Le gars le sauvait et en plus lui offrait une pinte ! Il n'avait pas compris la phrase avec la grosse paire, mais s'imagina que c'était sûrement une expression bretonne pour parler d'un couple de chopes servies en même temps. Il se décida rapidement.

"Plutôt blondes pour moi, chef, et mettez une grosse paire car c'est par deux que je les aime !"

Et il suivit son hôte dans la vieille taverne, sans oublier d'adresser un dernier regard plein de malice en direction du gros Youen, qui répondit pas un étrange sourire en coin, mystérieux et amusé à la fois.
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Lemerco
Invité
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MessageSujet: Re: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 19:26

Le brouhaha environnant s’estompait peu à peu autour des protagonistes, la bande des joyeux drilles de Dol, le gang des crasseux bretons, traversant au compte-goutte les lourds rideaux poussiéreux aux couleurs rendues indéfinissables avec le temps et qui séparaient l’antichambre tenue par le gros Youen et ses sous-fifres, peu recommandables et avenants évidemment, et la grand salle dans laquelle les filles s’affichaient dans l’attente d’être choisies par les clients. Manifestement, la petite troupe était habituée des lieux, et connaissait sur le bout des doigts, et pas que les doigts, la gente l’occupant. L’attention de Lem, si tant est qu’il en avait sur le moment, était exclusivement dédiée au gros Youen et ce poulain déniché dans le plus grand des hasards, justifiant l’expression tant usitée que l’occasion fait le larron. Et de larron à lardon lardant il n’y avait qu’un rideau à franchir, une étape fulgurante matérialisée par un voile mince et opaque qu’un simple mouvement des bras suffit pour le laisser derrière soi le temps d’une nuit.

La question fut posée sans ambages et la réponse ne tarda pas à venir, emprunte d’une naïveté remarquable. Le Marquis breton soufflait alors par le nez comme un cachalot, affalé sur l’épaule de Khaleb, les yeux rebondissant d’une personne à l’autre, de l’homme athlétique, au visage rouge comme les briques et balafré d’une immense estafilade, au jeune homme à la mine épargnée par le temps, bien moins charpenté cependant que l’ours devenu noble ou le vieux marsouin cramoisi par le soleil reconverti en videur de maison close.


"Plutôt blondes pour moi, chef, et mettez une grosse paire car c'est par deux que je les aime !"


La respiration devint moins bruyante et les sourcils broussailleux surplombant les yeux clignotant de l’animal se levèrent de surprise. On eut dit un homme en face d’un Roy de France vêtu d’une houppelande rose et dansant la gavote sur des sabots de paysanne au rythme d’un chant des marins d’Iroise. L’esprit brumeux de l’homme alcoolisé n’avait pas repéré le quiproquo installé sur l’objet de l’invitation, et la réponse, énoncée sur un ton assuré, fut écoutée et intégrée de façon sérieuse ; le jeune puceau n’allait pas se faire dessus, bien au contraire, éventuellement ridiculiser l’ours même dans le grand concours de galipettes du soir, espoir. Il n’empêche qu’une telle assurance plaisait au Marquis, et bientôt la broussaille pileuse retrouva sa place habituelle, et la bouche en cul de poule s’aplatit puis s’arrondit, dessinant un sourire enfantin sur la face bourrue et barbue de l’éternel adolescent. Puis la voix tonna dans un rire rauque et puissant.


Mouahahahahhahahaha, en voilà un qui n’a pas froid aux yeux.
T’as entendu le gros Youen ? Il veut une blonde, une grosse paire, l’Azenor a qu’à bien se tenir, foy de Lemerco.


La masse rougeoyante ricana, oubliant l’entrée suspicieuse quelques instants auparavant. Il se permit même une boutade, rare écart humoristique pour un vrai pince sans rire.

Le moussaillon a intérêt a bien tenir le nord avec l’Azenor héhé.


Une brève de comptoir, certes sans comptoir, à laquelle Lemerco répondit en riant, après s’être redressé et avoir poussé en avant ledit moussaillon afin qu’il traverse enfin le dernier rempart qui les séparent d’un banc de sirènes à l’appétit proportionnel à la taille des bourses.


Au pire elle tiendra bon la barre, je lui fais confiance.
Kenavo le vieux Youen !


La balafre salua à son tour, les deux retardataires franchirent enfin les rideaux et une vaste pièce s’offrait dorénavant à leurs yeux. Ca et là des femmes, pour la plupart court-vêtues, badinaient et charmaient les hommes de la joyeuse troupe éméchée. Il y en avait pour bien des goûts, et pour bien des genres. Lemerco évoluait en terrain connu, ami, conquis en quelque sorte, et il ne suffit que de quelques instants pour que ce dernier, après avoir balayé la salle du regard, ne vocifère, planté comme un piquet, le nom de la fameuse Azenor, dont la venue fut rapide après qu’elle ait abandonné une petit groupe composés d’hommes clients et de femmes prestataires. La blonde pulpeuse arriva d’un pas exagérément gracieux, ce qui enlevait d’ailleurs toute grâce à la gestuelle, mais cela importait peu, car si son jeu de jambes ne faisait guère d’émules, les yeux des hommes se posaient rarement sur les gambettes, plutôt sur cette masse de graisse oscillant et vibrant à chaque pas, à chaque mouvement, magnifique résonance de la chair répondant aux ondes d’un corps plein de promesses. Pour le reste, elle n’était ni belle, ni moche, son visage aurait pu être charmant, mais la nature la marqua d’un hideux grain de beauté trônant tyranniquement sur sa joue droite.


Azenor ! Ma douce amie ! tu vois mon ami, là ? Il est tout à toi. Le pauvre homme est puceau… occupe toi bien de lui ! Je t’ai à l’œil.


Et il murmure à l’oreille du comparse d’un soir…

Evite de t’attarder sur ses mamelles nourricières, elle en a étouffé plus d’un avec.


Et de relever la tête, les yeux plissés, et de se tâter à aller boire un coup plutôt que…
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Khaleb
Loup
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MessageSujet: Re: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitimeMer 9 Avr 2014 - 19:26

Son hôte sembla relativement surpris par l'entrain du brun. Eh bien, quoi ? Ne s'attendait-il vraiment pas à tomber sur un amateur de bières blondes ? Apparemment, le défi de la grosse paire de pintes devait être colossal, car il commenta en direction de Youen que Khaleb n'avait pas froid aux yeux. Jamais le voleur ne se douta que l'Azenor dont ils parlèrent ensuite serait sa consommation de la soirée, ni que la grosse paire allait être plus que mémorable pour un jeune homme comme lui qui n'avait pas l'habitude de se frotter contre la poitrine chaleureuse et voluptueuse des femmes de ce bas monde.
Youen en profita pour lancer un trait d'humour, et Khaleb n'eut même pas le temps d'avoir l'audace de lui dire que ça n'était pas drôle et qu'il ferait mieux de remballer, que Lemerco l'entraînait déjà sous les rideaux à l'aspect gras qui séparaient la grande salle de l'entrée. Il se promit tout de même de revenir un jour mettre un gros taquet bien lâche à Youen pour se venger d'avoir voulu le faire sortir, pour le punir de son humour foireux, et puis aussi parce qu'il n'aimait pas sa gueule de gros rougeaud balafré. Voilà.

Il arriva dans une grande salle presque comble où se trouvaient les fameux amis de Lemerco, tous plus ou moins occupés à s'enivrer davantage ou à caresser les cuisses des serveuses, jeunes femmes en très petite tenue qui semblaient se pavoiser auprès de ces messieurs en gloussant et en se tortillant. Il se mit à penser que cela devait être le genre de la maison et haussa les épaules, naïf et inintéressé au possible devant tant de débauche. Tandis qu'il observait un des hommes vus quelques minutes plus tôt - le borgne, en l’occurrence - qui malaxait avec insistance les miches bien dorées d'une brune aux yeux verts, celui qui l'avait amené là se mit à hurler le nom de la serveuse dont il avait parlé avec le gros portier, l'Azenor qui allait apporter à Khaleb la grosse paire de blondes qu'il avait demandée. Cela fit sursauter le voleur qui, vite remit de ses émotions, vit apparaître une charmante - enfin, pas pour lui - créature blonde, la fameuse Azenor avec qui il fallait bien tenir le nord.


"Azenor ! Ma douce amie ! Tu vois mon ami, là ? Il est tout à toi. Le pauvre homme est puceau... Occupe-toi bien de lui ! Je t'ai à l’œil."

Puceau ? Pourquoi le lui disait-il et déjà, comment le savait-il ? Et quel rapport avec une ou deux pintes de bières ? Il allait se mettre à protester quand Lemerco se pencha vers lui pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Stupéfait par ce qu'il entendit, le nouveau client risqua un regard sur la poitrine bien fournie de la donzelle en question, puis détourna les yeux. Si le marquis le mettait en garde, c'était peut-être que la fameuse Azenor n'appréciait pas qu'on la vexe ou qu'on regarde d'un peu trop près ses "mamelles nourricières", et qu'elle était sûrement très soupe-au-lait. Sa façon de se venger - étouffer ses détracteurs avec sa poitrine - sortait cependant de l'ordinaire. Khaleb choisit la prudence et donc de prendre des pincettes pour s'adresser à la serveuse qu'on lui avait désignée pour la soirée. Il prit un ton doux, presque de confidence.

"Chère demoiselle, s'il vous plaît, choisissez-moi une table confortable et calme, les autres hommes ici présents m'ont l'air fortement éméchés et je ne voudrais pas être dérangé. Et prenez votre temps pour m'amener votre grosse paire, je ne souhaiterais pas vous brusquer."

Il conclut cela par un sourire sympathique. Il avait l'impression que cette soirée serait finalement plus agréable qu'elle ne paraissait l'être quelques minutes plus tôt.
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MessageSujet: Re: [RP] Une porte mal choisie.   [RP] Une porte mal choisie. I_icon_minitime

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