[RP - Extrait] Un nouveau Duc pour le Berry, allégeance et hommages.

C'était un petit cheval pie, qui promenait joyeusement son cavalier presque trop grand pour lui, en direction du Berry. Quelques jolies rimes pour agrémenter ce voyage qui paraissait bien triste. Déjà, il pleuvait, et la pauvre monture était bien mouillée ; elle baissait la tête comme une vieille carne sous le poids de sa crinière détrempée. Celui qui la montait ne montrait pas son visage, caché sous la capuche d'un long manteau brun.

Ils n'étaient que deux : lui, le cheval, et lui, le cavalier. Le cheval n'avait pas grand-chose à penser de ce voyage, si ce n'était que l'herbe était de moins en moins verte au fur et à mesure qu'ils avançaient. June, quant à lui, avait les pensées bien perdus, loin de là. Il était venu répondre au courrier du Héraut de Berry, son parrain Gilgaalad de Noldor, quant à l'allégeance au nouveau Duc.
Il avait dans un premier temps demandé audience au duc de Berry de l'époque, Taf lui-même, et l'avait bien entendue obtenue. Malheureusement, suite à divers événements, l'entretien avait tourné court, et June avait été obligé de repartir un temps durant. Mais le voilà revenu, et quel que soit le Duc, il obtiendrait cette fois son rendez-vous, public ou pas. Impossible de refuser un Seigneur vassal, interdit de refuser un bon serviteur du duché pendant de si longues années et surtout, impensable de refuser June Sidjéno. Il n'était pas n'importe qui, tout de même, même si malheureusement en Berry - comme dans bien d'autres endroits d'ailleurs -, chaque minute d'absence effaçait petit à petit les mots et faits de toute une carrière si durement montée. Si cela l'avait attristé dans un premier temps, à présent il n'y pensait plus. Du moins, il s'était interdit d'y penser, de penser au passé. Maintenant, place à l'avenir.

Bourges qui déjà se profile. Il ne s'y perdra pas, lui qui la connaît par coeur. Passer devant la mairie et le palais Jacques Coeur lui fit tout de même, et malgré lui, un gros pincement au coeur. D'une pression des mollets, il fit accélérer le Pie et arriva jusqu'au château ducal, où il confia son destrier à un page qui le reconnut et à qui il accorda un sourire ; c'était ces petites personnes-là, à qui vous ne prêtez parfois même pas un regard, qui se souviennent de vous. Lui avait toujours fais attention à eux et récompensé son petit personnel, et celui-ci le lui rendait bien, même aujourd'hui. Bref.

Il donna deux écus avec les rênes à l'écuyer et rentra au sec dans le hall d'entrée du castel. Il se dirigea vers la salle des allégeances, qu'il connaissait bien pour y être venu maintes fois. Et, avant de franchir les grandes portes, il murmura pour lui-même.

"Audaces fortuna juvat, timidos que repellit... Allez, pour la dernière."

Il entra à son tour.

HRP a écrit:: « Audaces fortuna juvat, timidos que repellit » (« La fortune sourit aux audacieux et repousse les timides ») est la devise de la famille de Barbançois qui possédait autrefois le château de Sarzay, Berry.

Rangé sur le côté, presque dans l'ombre, il observait les cérémonies et allégeances se faire et se faire rendre. Une espèce de routine, un truc déjà vu. Mais cette fois, il était là le coeur serré. C'était la dernière fois qu'il venait en Berry. Il s'était imposé cette décision à contrecœur, mais il fallait bien, pour une parfaite renaissance, pour un nouveau départ sans fausse note, faire table rase du passé.

Il avait une autre vie, maintenant. Loin d'ici. Loin de cette pauvre terre qui ne fait que souffrir des décisions de ses régnants, qu'ils croient sans conséquence. Le Berry se meurt, par manque de nouveauté. Le Berry se meurt à force de croire qu'il n'est pas seul. L'Histoire crie d'horreur en voyant les blasons faussement dessinés, récompensant des irrécompensables - est-ce que ça se dit ? -. Pas grave, on aura compris. Comme cette pauvre idiote de dame, elle est bien à l'Aize... Quelqu'un qui a trompé ses habitants, volé dans les caisses, fait secte de sa popularité à presque se faire dresser une statue. Pauvre Berry. Et si ce fol personnage était seul, mais non ! D'autres, qui ont trahi le Berry ou failli le faire, qui ne se font remarquer que par la lourdeur de leur mantel de fourrure et pas par leur mots ou leurs actions pour le peuple, sont à présent récompensés de la même distinction que lui, et quelquefois plus. Finalement, au regard de ces pensées, c'était moins triste de partir. Il ne regretterait que le pays berrichon d'antan, son pays berrichon d'antan.

Et Sarzay, ha, Sarzay ! Que tu vas me manquer, Sarzay ! Il ne parlait pas à lui-même mais à son castel, son beau, grand, imposant château de Sarzay autour duquel des terres verdoyantes se dessinaient. Quelle belle récompense il avait eu ce jour-là, lorsqu'on lui avait remit ce titre, ces terres et ce blason ! Bien sûr que tout cela allait lui manquer. Outre la noblesse perdue, c'était surtout la demeure qu'il aimait, les couleurs qu'elle avait et ce contentement lorsqu'on appelait June par le nom de son fief.

Mais à présent, c'était à lui. Son fils aîné avait gardé allégeance auprès de Bubul , et une fois que le Duc de Berry eut rendu son allégeance à Nathan, June s'avança. Et il ne mit pas genou à terre. Levant la tête vers le trône ducal où se tenait son interlocuteur, il commença.

"Bubul d'Arundel des Olonnes. Si je suis venu ici aujourd'hui, lors de cette cérémonie, c'est bien en tant que vassal de ce Duché. Je suis venu noble, je suis venu Seigneur de Sarzay. Mais je en repartirai pas en tant que tel.

Aujourd'hui, je ne prêterai pas allégeance. Et si je vous reconnais aisément comme Duc légitime, comme je l'ai toujours fait pour les Ducs de Berry élu par leur peuple, je ne promettrai pas obsequium, auxilium et consilium. Si un conflit venait vous opposer à un tiers, croyez bien que mon âme sera de votre côté, mais mon arme n'y sera plus.
A vous, Bubul d'Arundel des Olonnes, Duc de Berry par la grâsce des urnes, je rends ma terre, je rends mon fief et son château, je rends ses couleurs et sa beauté. Sarzay, une fois la porte repassée, ne sera plus mien. J'espère qu'il sera redonné un jour, à un homme ou à une femme qui aura mérité d'y vivre et d'y siéger.

Je vous prie d'accepter cette décision, et au cas où vous me regretteriez, de ne pas faire de sentiments. Je repars en homme libre. Je ne suis plus noble, je suis pauvre sans mon château et ses verdoyantes prairies, mais croyez-moi, je me sens libre, libre d'un nouveau départ loin d'ici. Si certains aspects de ma vie, politique ou non, ont pu me décevoir icelieu, je jure solennellement que ce que je retiens du Berry ne sera que bon.
Je vous souhaite de réussir à tout ce que vous aspirez, et peut-être un jour le Berry renaîtra de ses cendres trop longtemps restées fumantes."

Il inclina légèrement son buste afin de saluer l'homme qui désormais n'était plus son suzerain, et fit face à la suite.

**Bubul27** Invité

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Les choses semblaient s’accélérer, les nobles venant maintenant les uns après les autres.
C’était le tour de June. Bubul perdit vite son sourire quand il entendit ses propos

Messire June,
C’est une grande tristesse que d’apprendre que vous rendez au Berry les terres de Sarzay.
Sachez que même loin du Berry vous pouviez très bien en rester le seigneur et maistre, car vous avez toujours gérer aux mieux vos Terres.
Je sais que rien ne vous fera changer d’avis, alors j’accepte votre choix mais si je le déplore.

Bubul posa sa main sur l’épaule de June et de lui rajouter.
Vous serez toujours le bien venu en Berry, alors revenez nous voir.
Il le regarda s’en aller de l’estrade, Bubul avait l’air morose.

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Bubul ne souriait plus lorsque June eut fini sa déclaration, mais c'était ainsi. Le grand blond était libre, à présent que le Duc de Berry ait accepté sa décision.

Se contentant d'hocher la tête aux paroles du régnant, il descendit de l'estrade. Malgré l'invitation à revenir, il ne le fera pas. Décision adoptée à l'unanimité de lui-même. Il quitta la salle sans un regard de plus, le plus discrètement possible tandis que le duc d'Argenton prenait son tour. Une dernière légère hésitation avant le dernier pas qui allait franchir la porte. Puis il sortit, repris ses rênes, salua l'écuyer, grimpa sur sa monture et disparut au loin dans la brume berruyère qu'il espérait être un peu triste d'être quittée par celui qui l'avait sûrement aimée le plus.

Il n'espérait plus qu'une chose ici : que Sarzay soit donné à quelqu'un de méritant et de cher à son précédent possesseur.

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